Liaison au bureau et licenciement : jusqu’où peut aller l’employeur ?
Une récente polémique enflamme les réseaux sociaux après qu’une PDG américaine a pris une décision radicale concernant deux de ses employés. Natalie Dawson, cofondatrice et présidente de Cardone Ventures, a révélé avoir licencié deux salariés qui entretenaient une liaison extraconjugale au sein de son entreprise. Cette affaire soulève d’importantes questions sur les limites entre vie privée et vie professionnelle, et sur le pouvoir des employeurs à sanctionner des comportements relevant de la sphère personnelle.

Une décision qui divise l’opinion
Invitée sur le podcast “Diary of a CEO” animé par Steve Bartlett, Natalie Dawson n’a pas hésité à partager sa vision tranchée de l’éthique professionnelle. Selon elle, la déloyauté dans la vie personnelle se traduirait inévitablement par un manque de fiabilité au travail.
“J’ai licencié quelqu’un parce que j’ai découvert qu’elle trompait son partenaire et que l’autre personne avait également un conjoint”, a-t-elle expliqué sans détour. “Si ces personnes sont capables de trahir ceux avec qui elles sont censées passer le reste de leur vie, ne pensez-vous pas qu’elles trahiront également leur entreprise ?”
Cette vision n’a pas convaincu l’animateur du podcast, qui a souligné que les comportements personnels et professionnels pouvaient être distincts. Pour Steve Bartlett, la vie privée des employés ne devrait pas concerner l’employeur tant que leurs actions n’affectent pas leur travail.
Les arguments de la PDG
Natalie Dawson défend sa position avec plusieurs arguments qu’elle considère comme légitimes :
La question de l’intégrité
Pour la dirigeante, l’intégrité est une valeur fondamentale qui ne se compartimente pas. Elle estime qu’une personne malhonnête dans sa vie personnelle représente un “risque total” pour son environnement professionnel. Suite au tollé provoqué par ses déclarations, elle a précisé sur LinkedIn que le licenciement n’avait pas pour but de punir les employés, mais de protéger l’entreprise.
La cohérence des valeurs
“En tant que dirigeants, il est de notre responsabilité de créer un environnement dans lequel les gens peuvent évoluer dans la bonne direction. Cela signifie qu’il faut rester intègre, même lorsque cela est inconfortable”, a-t-elle écrit. Pour elle, tolérer la malhonnêteté dans un domaine reviendrait à créer une nouvelle norme pour l’ensemble de l’entreprise.
La culture d’entreprise
La PDG considère que les relations extraconjugales au bureau peuvent nuire à l’atmosphère de travail et créer des tensions. Cette position est partagée par certains internautes qui estiment que “les relations amoureuses sur le lieu de travail génèrent des tensions inutiles, une attention superflue et le chaos lorsqu’elles sont découvertes ou lorsqu’elles prennent fin.”
Réactions contrastées du public
La vidéo de l’interview a été visionnée plus de 1,7 million de fois et a suscité des réactions passionnées :
Les partisans de la vie privée
De nombreux internautes considèrent que la PDG a outrepassé ses droits : “Ce que les gens font en dehors des heures de bureau ne regarde pas les entreprises ou les sociétés”, a commenté l’un d’eux. “Ces gens et leur morale qui s’immiscent dans la vie privée de leurs employés, c’est du grand n’importe quoi”, a ajouté un autre.
Les défenseurs de l’éthique professionnelle
À l’inverse, d’autres soutiennent la décision de Natalie Dawson : “Les personnes qui trompent dans leur vie privée trompent également dans leur vie professionnelle”, affirme un internaute convaincu par l’argument de la PDG.
Aspects juridiques et éthiques
Cette controverse soulève d’importantes questions juridiques qui varient selon les pays. En France, par exemple, de tels licenciements seraient probablement considérés comme abusifs, la vie privée des salariés étant généralement protégée par le droit du travail, sauf si le comportement a un impact direct sur l’entreprise ou constitue un manquement aux obligations professionnelles.
Aux États-Unis, où l’affaire s’est déroulée, les lois du travail sont souvent plus souples et permettent dans certains États le licenciement “à volonté” (at-will employment), donnant plus de latitude aux employeurs.
L’équilibre délicat entre vie professionnelle et vie privée
Cette affaire met en lumière la frontière parfois floue entre vie professionnelle et vie personnelle, particulièrement à l’ère des réseaux sociaux où les deux sphères tendent à se confondre.
Pour les salariés
Il peut être judicieux de :
- Maintenir une séparation claire entre vie personnelle et professionnelle
- Connaître ses droits et les politiques de l’entreprise concernant les relations entre collègues
- Faire preuve de discrétion concernant sa vie privée sur le lieu de travail
Pour les employeurs
Il est recommandé de :
- Établir des politiques claires concernant les relations au travail
- Respecter la vie privée des employés tant que leurs actions n’affectent pas leur performance
- Se concentrer sur les comportements professionnels plutôt que sur les jugements moraux
Conclusion
L’affaire Natalie Dawson illustre parfaitement les tensions qui peuvent exister entre les valeurs personnelles d’un dirigeant et le respect de la vie privée des employés. Si certains applaudissent sa fermeté et son attachement à l’intégrité, d’autres y voient une intrusion injustifiée dans la sphère intime des salariés.
Au-delà du cas particulier, cette controverse nous invite à réfléchir aux limites de l’autorité des employeurs et à l’équilibre nécessaire entre éthique professionnelle et liberté individuelle. Dans un monde du travail en constante évolution, ces questions continueront sans doute à faire débat.
Foire aux questions
Un employeur peut-il légalement licencier un salarié pour une relation extraconjugale ?
La réponse varie selon les pays et les juridictions. En France, cela serait généralement considéré comme un motif abusif de licenciement, sauf circonstances exceptionnelles. Aux États-Unis, cela dépend des lois de l’État concerné et des clauses contractuelles.
Les relations amoureuses entre collègues peuvent-elles être interdites par une entreprise ?
De nombreuses entreprises ont des politiques concernant les relations entre collègues, particulièrement entre managers et subordonnés. Ces politiques visent souvent à éviter les conflits d’intérêts plutôt qu’à réglementer la vie sentimentale des employés.
Que faire si votre employeur s’immisce dans votre vie privée ?
Si vous estimez que votre vie privée est injustement scrutée, renseignez-vous sur vos droits auprès des représentants du personnel ou d’un avocat spécialisé en droit du travail. Dans de nombreux pays, la vie personnelle des salariés est protégée par la loi.
Les valeurs morales d’un dirigeant peuvent-elles s’imposer à tous les employés ?
Si un dirigeant peut promouvoir certaines valeurs au sein de son entreprise, il existe généralement des limites légales à ce qu’il peut imposer concernant les comportements personnels de ses salariés en dehors du cadre professionnel.