L’indignation d’une famille face à un système hospitalier débordé
Au cœur d’une crise sanitaire qui ne dit pas son nom, les établissements médicaux français sont confrontés à des situations parfois dramatiques. Le récent cas d’une nonagénaire laissée sur un brancard pendant plus de 64 heures au CHU de Rouen illustre de façon poignante les difficultés que traverse notre système de santé.

Une attente inhumaine pour une patiente de 99 ans
Entre le 17 et le 20 octobre 2025, une femme presque centenaire a vécu une expérience traumatisante au sein du CHU de Rouen. Souffrant de difficultés respiratoires, elle a été transportée aux urgences par le SAMU vers 20h40 après l’appel inquiet de sa famille. Vers minuit, les médecins posent un diagnostic préoccupant : un œdème aigu du poumon (OAP), une condition médicale sérieuse qui nécessite une prise en charge rapide.
Malgré la gravité de son état, la patiente n’a pu être transférée dans un service adapté, faute de lit disponible. Ce qui devait être une simple attente s’est transformé en un calvaire de près de trois jours. Ce n’est que le lundi suivant, vers 14h30, que la nonagénaire a finalement pu être installée dans un service de gériatrie, après avoir passé 64 heures sur un brancard dans un box des urgences.
Le témoignage poignant de la famille
Aline Percher, petite-fille de la patiente, a décidé de témoigner dans un récit bouleversant recueilli par Paris-Normandie. Son témoignage met en lumière les conditions difficiles qu’a dû endurer sa grand-mère :
“Ma grand-mère vit chez mes parents. Le vendredi soir, elle avait du mal à respirer. Mes parents ont donc appelé le SAMU pour qu’elle soit admise aux urgences. Là, elle a été installée dans un box, une sorte de petite pièce prévue pour accueillir deux brancards séparés par un rideau, avec des prises à oxygène et un petit lavabo, mais sans toilettes.”
Ce qui frappe dans son récit, c’est l’impuissance ressentie par tous, y compris le personnel soignant :
“Les aides-soignantes, et même une cadre, sont passées nous voir ; elles étaient désolées de ne pas pouvoir faire plus. On les a vues plusieurs jours d’affilée. Elles faisaient leur journée, et quand elles revenaient le lendemain, elles constataient que ma grand-mère était toujours là.”
Une situation symptomatique d’une crise plus large
La direction du CHU de Rouen a justifié cette attente prolongée en évoquant “une activité très intense, avec plus de 250 passages par jour, en pleine poussée épidémique saisonnière” durant ce week-end d’octobre. L’établissement a également souligné “la tension particulièrement forte sur les lits disponibles” tant au CHU que dans les autres établissements du territoire.
Ce cas n’est malheureusement pas isolé et révèle les failles d’un système hospitalier français sous tension :
- Manque chronique de personnel soignant
- Fermetures de lits d’hospitalisation
- Afflux croissant de patients aux urgences
- Vieillissement de la population nécessitant des soins plus fréquents
- Engorgement des services hospitaliers
L’impact humain derrière les statistiques
Ce qui rend ce récit particulièrement émouvant, c’est l’âge avancé de la patiente et sa vulnérabilité. À 99 ans, passer trois jours sur un brancard dans un couloir d’hôpital représente une épreuve physique et psychologique considérable. Cette situation pose également des questions éthiques fondamentales sur la dignité des soins accordés aux personnes âgées.
Il faut souligner que la famille ne blâme pas le personnel soignant, bien au contraire. Aline Percher précise : “C’est un coup de gueule qui ne changera sûrement rien, mais j’aurai, à mon niveau, fait un petit quelque chose.” Elle conclut son témoignage en remerciant le personnel soignant, reconnaissant leur dévouement malgré des conditions de travail difficiles.
Les solutions envisageables pour éviter ces situations
Face à ces dysfonctionnements, plusieurs pistes pourraient être explorées :
Renforcer les effectifs dans les établissements de santé
Le manque de personnel est souvent cité comme la principale cause de ces situations. Une revalorisation des métiers du soin et un recrutement massif pourraient contribuer à améliorer la prise en charge.
Développer les alternatives à l’hospitalisation
Pour désengorger les urgences, le développement de la télémédecine, des soins à domicile et des maisons médicales pourrait offrir des solutions adaptées pour certains patients.
Améliorer la coordination entre les services
Une meilleure communication entre les différents services hospitaliers et les établissements de santé pourrait optimiser la gestion des lits disponibles.
Que faire si vous ou un proche vivez une situation similaire ?
Si vous êtes confronté à une attente anormalement longue aux urgences :
- Maintenez une communication constante avec le personnel soignant pour vous assurer que l’état du patient est régulièrement évalué
- Demandez à rencontrer le cadre de santé ou le médecin responsable si vous estimez que la situation est préoccupante
- N’hésitez pas à solliciter une réévaluation de l’état de santé du patient si celui-ci semble se dégrader
- Documentez la situation (heures d’arrivée, attente, soins reçus) pour pouvoir effectuer un recours si nécessaire
- Contactez le médiateur de l’établissement en cas de difficulté persistante
Un appel à une prise de conscience collective
Cette situation met en lumière la nécessité d’une réflexion approfondie sur notre système de santé. Au-delà des questions budgétaires, c’est toute l’organisation des soins qui est à repenser pour garantir à chacun, quel que soit son âge, une prise en charge digne et efficace.
Le témoignage d’Aline Percher n’est pas qu’une plainte isolée, c’est un appel à l’action qui devrait nous interpeller collectivement sur les valeurs que nous souhaitons défendre dans notre société, notamment le respect et la dignité dus aux personnes âgées.
Foire aux questions
Pourquoi les urgences sont-elles si souvent engorgées ?
Les urgences font face à plusieurs défis : manque de personnel, fermetures de lits, recours inapproprié aux services d’urgence pour des problèmes non urgents, et vieillissement de la population nécessitant des soins plus fréquents.
Quels recours a-t-on en cas de prise en charge inadaptée ?
Vous pouvez contacter le médiateur de l’établissement, saisir la Commission des usagers de l’hôpital, ou adresser une réclamation à l’Agence Régionale de Santé (ARS). Dans les cas graves, un recours juridique est possible.
Comment déterminer si une situation aux urgences est normale ou abusive ?
Si un diagnostic grave a été posé et qu’aucune prise en charge adaptée n’est proposée après plusieurs heures, si les conditions d’attente sont indignes (couloir, absence de soins de confort), ou si l’état du patient se dégrade sans intervention, il est légitime de s’inquiéter et d’alerter le personnel.
Y a-t-il des alternatives aux urgences hospitalières ?
Selon la gravité de la situation, plusieurs alternatives existent : consulter un médecin généraliste, appeler SOS Médecins, se rendre dans une maison médicale de garde, ou contacter le 15 qui pourra vous orienter vers la solution la plus adaptée.