Les conséquences alarmantes d’un “médicament miracle” administré pendant la grossesse
Des milliers de femmes ayant reçu un médicament hormonal entre les années 1940 et 1970 découvrent aujourd’hui les effets dévastateurs sur la santé de leurs enfants et petits-enfants. Une situation préoccupante qui soulève d’importantes questions sur l’héritage transgénérationnel de certains traitements médicaux.
Un “médicament miracle” aux conséquences désastreuses
Le Stilboestrol, également connu sous le nom de diéthylstilbestrol (DES), est un œstrogène de synthèse largement prescrit des années 1940 jusqu’à la fin des années 1970. Ce médicament était administré pour plusieurs raisons : prévenir les fausses couches chez les femmes enceintes, mais aussi comme suppresseur de lactation chez les mères ne souhaitant pas ou ne pouvant pas allaiter.
Vanté comme un “remède miracle” à l’époque, le DES était également utilisé pour traiter les symptômes de la ménopause et certains cancers de la prostate. Pourtant, dès les années 1950, des recherches avaient identifié son potentiel cancérigène. Malgré ces alertes précoces, le médicament a continué d’être prescrit pendant encore plusieurs décennies.
Des conséquences qui traversent les générations
Les recherches récentes sont particulièrement inquiétantes : elles suggèrent que les effets néfastes du DES peuvent se transmettre sur plusieurs générations. Selon l’Institut National du Cancer américain, les petites-filles et petits-fils de personnes exposées au DES présentent un risque légèrement accru de développer des cancers et des malformations congénitales.
L’histoire tragique des mères célibataires
Entre 1950 et 1970, plus de 150 000 mères célibataires ont été contraintes d’abandonner leurs bébés à l’adoption. Ces femmes recevaient systématiquement du DES pour stopper leur lactation. Cette pratique n’a pas seulement brisé des familles, elle a potentiellement engendré des problèmes de santé durables pour ces femmes et leur descendance.
Des témoignages bouleversants
Le cas de Wendy Pankhurst en Australie illustre parfaitement cette tragédie. En 1970, à seulement 17 ans, elle a été forcée de confier son premier enfant à l’adoption et a reçu du DES. Comme beaucoup de patientes à l’époque, elle n’a pas remis en question ce traitement : “Si un médecin vous disait de prendre ce médicament, vous le preniez,” a-t-elle expliqué à l’émission 60 Minutes Australia.
Cinquante-cinq ans plus tard, Wendy souffre de problèmes pulmonaires qu’elle attribue à cette exposition.
Les effets sur la deuxième génération
Plus alarmant encore est le cas de Cathryn Buckerfield, la seconde fille de Wendy. Depuis sa naissance, elle endure une multitude de problèmes de santé qu’elle estime être liés à l’exposition de sa mère au DES.
“Je souffre de fibromyalgie. J’ai eu une puberté très tardive,” explique Cathryn. “Je souffre également de migraines chroniques. Il m’a fallu six ans et un cycle de FIV pour tomber enceinte. J’ai une endométriose de stade quatre, ce qui m’a conduit à subir une hystérectomie. Et je souffre d’asthme, j’ai vraiment du mal à respirer.”
Un perturbateur endocrinien particulièrement dangereux
Le DES est considéré comme “l’un des perturbateurs endocriniens les plus dangereux” selon les experts. Ces substances interfèrent avec le fonctionnement normal du système endocrinien, responsable de la production et de la régulation des hormones dans l’organisme.
Dr Peter Myers, scientifique de renom qui étudie les perturbateurs endocriniens comme le DES, explique leur mécanisme d’action inquiétant : “Ils modifient la façon dont les gènes s’activent et se désactivent. Et si cette activation ou désactivation se produit au mauvais moment, cela peut avoir des conséquences graves.”
Plus préoccupant encore, il ajoute : “Parfois, quand un gène est activé, il reste activé pour toujours, pendant autant de générations que nous avons pu suivre.”
Comment protéger les générations futures
Face à cette situation, plusieurs mesures peuvent être envisagées :
-
Sensibilisation médicale : Les professionnels de santé doivent être informés des antécédents familiaux d’exposition au DES pour adapter leurs suivis médicaux.
-
Dépistages préventifs : Les personnes dont la mère ou grand-mère a été exposée au DES devraient bénéficier de dépistages plus fréquents pour certains cancers.
-
Recherche continue : Il est essentiel de poursuivre les études sur les effets transgénérationnels des perturbateurs endocriniens.
-
Démarches juridiques : Dans certains pays, des actions collectives ont permis aux victimes d’obtenir des compensations.
L’importance d’une médecine plus prudente
Cette tragédie souligne l’importance cruciale d’une approche plus prudente dans l’introduction de nouveaux médicaments, particulièrement ceux destinés aux femmes enceintes. Le principe de précaution devrait toujours prévaloir, et les effets à long terme devraient être étudiés de manière approfondie avant toute mise sur le marché.
Questions fréquemment posées
Comment savoir si ma mère ou grand-mère a reçu du DES ?
Les dossiers médicaux anciens peuvent contenir cette information. Parlez-en avec les membres plus âgés de votre famille et consultez votre médecin qui pourra vous orienter vers des tests ou examens spécifiques.
Quels sont les symptômes à surveiller si je suis “fille DES” ?
Les femmes exposées in utero au DES présentent un risque accru de cancer du vagin à cellules claires, d’anomalies structurelles de l’appareil reproducteur, de problèmes de fertilité et de grossesses à risque.
Existe-t-il des traitements spécifiques pour les personnes touchées ?
Il n’existe pas de traitement spécifique, mais un suivi médical adapté et personnalisé est recommandé. Consultez régulièrement votre médecin et informez-le de cet antécédent familial.
Des recours juridiques sont-ils possibles ?
Selon les pays, différentes actions en justice ont été menées. Renseignez-vous auprès d’associations de victimes ou d’avocats spécialisés dans les préjudices médicaux pour connaître vos droits.