Une Anglaise est victime d’un AVC et se réveille avec… un accent thaïlandais

Quand le cerveau transforme votre voix : l’étonnante histoire de Cathy Warren

Une Anglaise est victime d'un AVC et se réveille avec… un accent thaïlandais

Une transformation vocale inattendue après un AVC

Imaginez-vous partir en vacances pour célébrer votre anniversaire et revenir avec un accent totalement différent. C’est exactement ce qui est arrivé à Cathy Warren, une Britannique de 29 ans originaire de Basingstoke, dans le Hampshire. Ce qui devait être un séjour festif en Turquie s’est transformé en une expérience qui a bouleversé sa vie et son identité vocale.

Tout a commencé par ce que Cathy a d’abord pris pour un simple coup de chaleur. Un violent mal de tête, suivi de vertiges et d’une paralysie soudaine des jambes alors qu’elle s’apprêtait à sortir dîner. Ce qui semblait être un malaise passager s’est révélé être un accident vasculaire cérébral, diagnostiqué rapidement après son transport d’urgence à l’hôpital.

Le syndrome de l’accent étranger : quand le cerveau modifie la parole

À son réveil après l’AVC, Cathy a découvert non seulement une paralysie du côté droit de son corps, mais aussi un changement radical de sa voix. Elle qui parlait avec un accent britannique typique s’est mise à s’exprimer avec un accent… thaïlandais ! Cette transformation vocale n’est pas le fruit du hasard ou de l’imagination. Cathy souffre d’un trouble neurologique rare appelé “syndrome de l’accent étranger”.

Ce syndrome fascinant se manifeste généralement après un traumatisme cérébral comme un AVC. Il modifie la prononciation, l’intonation et le rythme de parole d’une personne, donnant l’impression qu’elle s’exprime avec un accent étranger qu’elle n’avait pas auparavant. Dans le cas de Cathy, les médecins ont émis l’hypothèse que cette transformation pourrait être liée à deux facteurs : les origines thaïlandaises de sa mère et le fait que l’accident se soit produit à l’étranger.

Le long chemin vers la récupération

Une hospitalisation prolongée

Suite à son AVC, le parcours médical de Cathy a été particulièrement intensif. Elle a d’abord passé un mois complet dans un hôpital turc avant de pouvoir être rapatriée en Angleterre en octobre 2024. De retour dans son pays, elle a été hospitalisée pendant deux mois supplémentaires, période cruciale pour stabiliser son état et commencer sa rééducation.

La rééducation intensive pour réapprendre à marcher

“Au début, il me fallait trois personnes pour m’aider à marcher cinq minutes par jour”, se souvient Cathy. Sa récupération physique s’est avérée être un véritable marathon : trois mois de rééducation intensive pendant lesquels elle a dû réapprendre des gestes quotidiens que nous tenons pour acquis.

“Il m’a fallu environ dix mois, jusqu’à l’été 2025, pour pouvoir marcher de manière indépendante”, explique-t-elle. Cette période difficile illustre parfaitement la persévérance nécessaire après un AVC et les défis considérables auxquels font face les patients.

Les impacts psychologiques d’un changement de voix

Si les séquelles physiques d’un AVC sont souvent mises en avant, les conséquences psychologiques d’un changement vocal aussi radical sont tout aussi importantes. Pour Cathy, cette transformation représente bien plus qu’un simple changement d’accent – c’est une partie de son identité qui s’est modifiée sans son consentement.

“Je ne pense pas que ma voix redevienne un jour comme avant. J’avais une voix britannique, mais je me suis réveillée avec un accent différent”, confie-t-elle avec une pointe de résignation. “Ma mère est thaïlandaise, elle a donc un accent thaï. Je dirais que ma voix actuelle ressemble à la sienne.”

Ce témoignage touchant souligne à quel point notre voix fait partie intégrante de notre sentiment d’identité. Perdre son accent d’origine peut provoquer un véritable sentiment de deuil et nécessite un travail d’acceptation considérable.

Les signes d’alerte d’un AVC à ne jamais ignorer

L’histoire de Cathy nous rappelle l’importance de reconnaître rapidement les symptômes d’un AVC. Contrairement aux idées reçues, les accidents vasculaires cérébraux ne touchent pas uniquement les personnes âgées – Cathy n’avait que 29 ans lorsqu’elle en a été victime.

Voici les principaux signes d’alerte à connaître, souvent résumés par l’acronyme FAST en anglais :

  • Face (visage) : Un côté du visage qui s’affaisse
  • Arm (bras) : Une faiblesse ou engourdissement d’un bras
  • Speech (parole) : Des difficultés d’élocution
  • Time (temps) : Il est crucial d’agir vite et d’appeler les secours

Dans le cas de Cathy, les maux de tête sévères, les vertiges et la perte de fonction des jambes étaient tous des signes avant-coureurs qui méritaient une attention médicale immédiate.

Un phénomène rare mais documenté

Le syndrome de l’accent étranger dont souffre Cathy est extrêmement rare. Depuis sa première description en 1907 par le neurologue français Pierre Marie, seules quelques centaines de cas ont été documentés dans le monde. Chaque cas est unique, avec des accents variés qui peuvent n’avoir aucun lien avec les origines ou les langues connues par le patient.

Ce qui rend le cas de Cathy particulièrement intéressant pour les neurologues, c’est le lien possible avec les origines thaïlandaises de sa mère. Cette connexion suggère que des schémas linguistiques entendus pendant l’enfance peuvent resurgir après un traumatisme cérébral, même s’ils n’ont jamais fait partie de l’expression verbale habituelle de la personne.

Vivre avec un accent qui n’est pas le sien

Aujourd’hui, Cathy affirme être “sur le chemin de la guérison” physiquement, même si elle doute de retrouver un jour sa “voix britannique”. Son témoignage nous invite à réfléchir sur l’acceptation des changements involontaires qui peuvent survenir dans nos vies.

Pour les personnes atteintes du syndrome de l’accent étranger, le quotidien peut être jalonné de situations inconfortables : explications répétées, questions intrusives, voire parfois scepticisme de la part d’interlocuteurs qui pensent à une supercherie. Cette dimension sociale constitue un défi supplémentaire dans le processus de récupération après un AVC.

Questions fréquentes sur le syndrome de l’accent étranger

Le syndrome de l’accent étranger peut-il disparaître avec le temps ?
Dans certains cas, les patients retrouvent progressivement leur accent d’origine, particulièrement si la rééducation orthophonique est entreprise rapidement. Toutefois, comme dans le cas de Cathy, il arrive que le changement soit permanent.

Est-ce que les personnes atteintes parlent réellement avec un accent étranger authentique ?
Non, il s’agit d’une perception. Les modifications de prononciation, d’intonation et de rythme de parole créent l’illusion d’un accent étranger, mais celui-ci ne correspond généralement pas exactement à un accent réel.

Peut-on prévenir ce syndrome après un AVC ?
Il n’existe pas de méthode de prévention spécifique, mais une prise en charge rapide de l’AVC peut limiter les dommages cérébraux et donc potentiellement réduire le risque de développer ce syndrome.

Le syndrome affecte-t-il la compréhension ou seulement la production du langage ?
Le plus souvent, seule la production du langage est affectée. Les patients comprennent parfaitement ce qu’on leur dit et savent ce qu’ils veulent exprimer, mais leur façon de parler est modifiée.

L’histoire de Cathy Warren nous rappelle la fragilité de notre cerveau et l’étonnante complexité du langage humain. Elle témoigne aussi de la résilience dont font preuve les victimes d’AVC dans leur parcours de récupération, confrontées à des défis qui vont bien au-delà des séquelles physiques visibles.

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