« Quelle honte » : la première actrice créée par I.A, Tilly Norwood, provoque la colère du monde du cinéma

L’Intelligence Artificielle s’invite à Hollywood : Tilly Norwood déclenche une tempête dans le monde du cinéma

La frontière entre réalité et fiction s’estompe davantage à Hollywood. Une nouvelle actrice nommée Tilly Norwood fait sensation dans l’industrie cinématographique, mais pour une raison inhabituelle : elle n’existe pas réellement. Cette comédienne entièrement générée par intelligence artificielle suscite l’indignation des professionnels du septième art, ravivant les tensions déjà vives concernant l’utilisation de ces technologies dans la création artistique.

« Quelle honte » : la première actrice créée par I.A, Tilly Norwood, provoque la colère du monde du cinéma

Une première qui fait trembler Hollywood

Présentée lors du prestigieux festival du film de Zurich, Tilly Norwood est née dans les bureaux du studio Xicoia. Sa créatrice, Eline Van der Velden, n’a pas hésité à la comparer aux plus grandes stars du cinéma contemporain, la présentant comme “la prochaine Scarlett Johansson ou Natalie Portman”. Une déclaration qui a mis le feu aux poudres dans un contexte déjà tendu.

Le succès de cette actrice virtuelle est pourtant indéniable sur les réseaux sociaux, où son compte Instagram a rapidement attiré plus de 36 000 abonnés. Plus troublant encore, plusieurs agences artistiques auraient déjà manifesté leur intérêt pour représenter cette comédienne qui n’a jamais foulé un plateau de tournage.

Cette initiative s’inscrit dans un contexte particulièrement sensible. L’année dernière, l’industrie hollywoodienne avait été paralysée par une grève historique, où l’une des principales revendications concernait justement l’encadrement de l’usage de l’intelligence artificielle dans la création cinématographique et télévisuelle.

Les acteurs se mobilisent contre cette “usurpation”

La réaction des professionnels du cinéma ne s’est pas fait attendre. Melissa Barrera, connue notamment pour son rôle dans la saga “Scream”, a exprimé son indignation sur Instagram : “J’espère que tous les acteurs représentés par l’agent qui fait cela le laisseront tomber. Quelle horreur.”

Mara Wilson, l’inoubliable interprète de “Matilda”, a été encore plus directe dans sa critique : “Honte à ces gens. Ils ont volé les visages de centaines de jeunes femmes pour créer cette actrice IA. Ce ne sont pas des créateurs. Ce sont des voleurs d’identités.” Des mots forts qui soulignent les problèmes éthiques soulevés par cette technologie.

D’autres acteurs ont préféré aborder la question avec humour, comme Lukas Cage (vu dans “The White Lotus” et “Smile 2”), qui a ironiquement qualifié sa nouvelle “collègue” de “cauchemar sur un plateau” et “incapable de se positionner correctement”.

La défense des créateurs : art ou menace ?

Face à cette vague de critiques, Eline Van der Velden a tenté de défendre son projet. Selon elle, Tilly Norwood ne vise pas à remplacer les acteurs humains mais constitue plutôt “une œuvre créative” à part entière.

“Tout comme l’animation, les marionnettes ou les effets spéciaux ont ouvert de nouvelles possibilités sans enlever quoi ce soit au jeu direct, l’IA offre une façon d’imaginer et de construire des histoires”, a-t-elle argumenté sur les réseaux sociaux.

La fondatrice de Xicoia suggère également que ces acteurs virtuels “devraient être jugés comme faisant partie de leur propre genre, sur leurs propres mérites, plutôt que comparés directement aux acteurs humains.” Une perspective qui, sans surprise, peine à convaincre les professionnels du secteur.

Des enjeux bien au-delà d’un simple débat technique

Cette controverse soulève des questions fondamentales sur l’avenir du métier d’acteur. L’intelligence artificielle ne se contente plus de doubler des voix ou de créer des effets spéciaux ; elle prétend désormais pouvoir remplacer entièrement des artistes.

Les inquiétudes sont multiples :

  • La question des droits d’image et de la propriété intellectuelle
  • L’impact sur l’emploi des acteurs, notamment les débutants
  • L’authenticité et la dimension humaine de l’interprétation
  • Les questions éthiques liées à la création d’êtres humains artificiels

Ce débat s’inscrit dans une réflexion plus large sur la place de l’IA dans la création artistique. Si certains y voient une évolution naturelle des techniques de production, d’autres craignent une déshumanisation de l’art et une précarisation accrue des métiers créatifs.

Un précédent qui pourrait faire jurisprudence

L’apparition de Tilly Norwood constitue un test grandeur nature pour l’industrie du divertissement. La manière dont cette “actrice” sera accueillie ou rejetée pourrait déterminer l’avenir de nombreuses initiatives similaires.

La grève des scénaristes et acteurs d’Hollywood en 2023 avait permis d’établir certaines protections contre l’usage abusif de l’IA. Toutefois, cette nouvelle initiative montre que les entreprises technologiques continuent d’explorer les limites de ce qui est permis, parfois au mépris des inquiétudes exprimées par les professionnels du secteur.

Les implications pour le public et l’avenir du cinéma

Pour les spectateurs, l’enjeu est également de taille. Voulons-nous regarder des films où les émotions sont simulées par des algorithmes plutôt que ressenties par des êtres humains ? La connexion particulière qui s’établit entre un public et un acteur peut-elle être reproduite artificiellement ?

Par ailleurs, cette évolution pose la question de la transparence. Les studios seront-ils tenus d’informer clairement le public lorsqu’ils utilisent des acteurs générés par IA ? Comment distinguer le vrai du faux dans un monde où la technologie permet des imitations de plus en plus parfaites ?

Foire aux questions

L’IA peut-elle vraiment remplacer les acteurs humains ?
Si l’IA peut reproduire des visages et des voix avec une précision croissante, elle ne peut pas (encore) capturer la complexité des émotions humaines et la subtilité des interprétations. La dimension artistique du métier d’acteur reste, pour le moment, une spécificité humaine difficile à reproduire.

Les acteurs virtuels pourraient-ils coexister avec les acteurs réels ?
Une coexistence est possible, à condition d’établir des règles claires. L’animation et les effets spéciaux ont trouvé leur place dans l’industrie sans remplacer les acteurs. L’enjeu est de définir un cadre éthique et légal pour cette nouvelle technologie.

Quelles protections existent pour les acteurs face à l’IA ?
Suite à la grève de 2023, des accords ont été conclus pour protéger les acteurs contre l’utilisation non autorisée de leur image ou de leur voix. Cependant, ces protections restent imparfaites face à des technologies en constante évolution.

Pourquoi certains producteurs sont-ils attirés par les acteurs virtuels ?
Au-delà de l’aspect innovant, les acteurs virtuels offrent des avantages pratiques : pas de contraintes d’emploi du temps, pas de besoins physiologiques, et potentiellement des coûts réduits à long terme. Ces considérations économiques expliquent en partie l’intérêt pour cette technologie, malgré les controverses qu’elle suscite.

L’histoire de Tilly Norwood illustre parfaitement les tensions qui traversent l’industrie du divertissement à l’ère numérique. Entre innovation technologique et préservation de l’art dramatique, le débat ne fait que commencer.

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