Si vous avez déjà assisté à une pièce de théâtre en France, vous avez probablement entendu un « merde » échappé des coulisses. Un mot qui, à première vue, pourrait paraître vulgaire, mais qui en réalité cache une superstition bien ancrée dans le monde du spectacle. Alors, pourquoi ce mot, et pourquoi pas un simple « bonne chance » ? La réponse se trouve dans une tradition vieille de plusieurs siècles…
Une origine liée aux chevaux et aux fiacres
Au XIXe siècle, le théâtre était un lieu prisé par la haute société. Les spectateurs arrivaient en fiacres, des calèches tirées par des chevaux. Et si vous avez déjà vu un cheval sur une route, vous savez que leur passage laisse souvent un petit souvenir… sous forme de crottin. Mais au lieu de déplorer cette « saleté », les gens voyaient une opportunité : plus il y avait de crottins devant le théâtre, plus cela signifiait qu’il y avait de spectateurs, donc de succès pour la pièce !
Souhaiter « merde » aux artistes avant un spectacle était donc un moyen de leur souhaiter une salle pleine et un grand succès. Une pratique qui, bien qu’aujourd’hui, les chevaux ne soient plus présents aux abords des théâtres, perdure dans le milieu du spectacle. Le crottin de cheval était un signe extérieur de prospérité. Plus il y en avait, plus la soirée était perçue comme réussie. C’est ainsi que « merde » est devenu un vœu symbolique de réussite.
Une superstition pour conjurer le mauvais sort
Le monde du spectacle, c’est un univers où les croyances et superstitions sont légion. Parmi ces croyances, une des plus courantes est d’éviter de dire « bonne chance », car cela serait un mauvais présage. Plutôt que de dire quelque chose de positif comme « bonne chance », on souhaite « merde », pour conjurer le mauvais sort et attirer la chance de manière indirecte.
Cette pratique existe aussi dans d’autres cultures. Par exemple, en anglais, on dit « break a leg » (« casse-toi une jambe »), ce qui est une façon détournée de souhaiter bonne chance tout en éloignant la malchance. En italien, l’expression « in bocca al lupo » (« dans la gueule du loup ») est utilisée pour signifier le même vœu de chance. Ainsi, la superstition traverse les frontières et nous montre à quel point les croyances sont partagées à travers le monde.
Une tradition encore vivace dans le monde du spectacle
Aujourd’hui, bien que les fiacres ne soient plus en service, l’expression « merde » est restée un rituel dans de nombreuses disciplines du spectacle. Cela fait partie de la culture du monde artistique, que ce soit dans le théâtre, les concerts, la musique, ou même le cinéma. Les artistes continuent de perpétuer cette tradition avant chaque représentation.
Que vous assistiez à une grande pièce de théâtre dans une salle parisienne ou à un concert dans un petit théâtre de quartier, vous entendrez probablement cette expression avant que les rideaux ne s’ouvrent. Cette superstition ne se limite pas seulement aux comédiens, mais elle est également pratiquée par les musiciens, les danseurs et même les techniciens du spectacle. Tout le monde dans le milieu semble avoir adopté ce petit mot comme une sorte de talisman, une manière de se préparer mentalement avant d’affronter l’imprévisibilité de la scène.
Une coutume toujours présente et pleine de sens
La règle est simple : si vous souhaitez « merde » à un artiste, il ne doit pas répondre « merci ». C’est une question de respect et de respect de la tradition. L’artiste doit simplement acquiescer ou répondre par un « merde » en retour, dans un échange presque rituel. Ce n’est pas un mot de politesse, mais plutôt un geste symbolique d’encouragement et de solidarité, une façon de s’unir face aux défis de la scène.
De nos jours, bien que les fiacres et le crottin aient disparu, l’expression « merde » reste solidement ancrée dans la culture du spectacle vivant. Ce n’est pas seulement un mot, mais une superstition, un lien entre les générations d’artistes qui ont traversé le temps en transmettant cette coutume.
Une tradition toujours vivante dans les coulisses
La prochaine fois que vous assisterez à un spectacle, ne soyez pas étonné si, avant de monter sur scène, vous entendez un « merde » résonner dans les coulisses. Ce mot, souvent perçu comme vulgaire, est en réalité chargé de symbolisme et fait partie intégrante de l’ADN du spectacle vivant. En le disant, les artistes conjurent la malchance et se préparent à vivre un moment de partage et de réussite sur scène.
Et vous, connaissiez-vous cette tradition ? L’utilisez-vous avant un événement important ? Partagez vos réflexions en commentaire et dites-nous si vous êtes prêt à adopter cette coutume la prochaine fois que vous vous apprêtez à affronter un moment important dans votre vie !