A la différence d’un mode de vie sophistiqué, rouler dans une vieille voiture pourrait être plus simple. Cela privilégie ainsi la qualité du trajet à une forme d’abondance et d’accélération. Il est peut-être temps de repenser à nos moyens de mobilités.
Désormais, l’urgence écologique nous rappelle de revoir nos véhicules. A savoir que c’est le seul secteur dont les émissions sont en constante augmentation. Les citoyens abandonnent les voitures thermiques laissant place aux véhicules électriques. Les offres de subventions mensuelles du gouvernement promeuvent même leur possession.
Certains territoires français comme Paris, Lyon et Grenoble, entre autres, sont restreints quant à l’usage de mobilités à fortes émissions. Environ 150.000 habitants seront concernés par la loi « climat et résilience » adoptée en 2021 d’ici 2024. Seules les voitures répondant à des normes écologiques récentes au profit de l’environnement pourront circuler. En partant de ce principe, on pointe du doigt les usagers de voitures trop anciennes, sous prétexte qu’ils ne répondent plus aux exigences récentes des normes écologiques. Elles ont majoritairement un moteur thermique construit avant 2010.
Le principe de la réutilisation
Les usagers d’automobiles anciennes évoquent la réutilisation, à la différence de la production et la consommation de masse. C’est de se réorienter vers une écologie qui privilégie les outils fonctionnels et réparables plutôt que d’avoir du neuf. Selon ces utilisateurs, l’écologie du réemploi serait plus réaliste car déjà elle est plus abordable en terme de finance et elle répond à un mode de vie sobre.
« Il n’est pas évident d’expliquer à nos chers écolos que conserver et faire rouler une “vieille” auto à la place d’en fabriquer une neuve permet d’économiser des hectolitres d’eau, des kilos d’acier, de caoutchouc ou de plastique, lance Richard, s’exprimant dans la revue Youngtimers n°79. C’est tout le problème de ne s’en tenir qu’à la quantité de gaz qui sortent de l’échappement, plutôt que d’analyser le cycle de vie total, de la fabrication au recyclage en passant par l’usage… »
Savoir prendre soin et connaître ce qui est durable
A l’instar des autres objets techniques, un véhicule nécessite un meilleur entretien pour définir sa durabilité. Mais, à l’heure actuelle, la majorité de concessions automobiles ne sont plus apprêtées à intervenir sur des véhicules sans systèmes de diagnostic électronique. De plus, les mécaniciens ne prennent plus des cours relatifs à une mécanique jugée désuète.
Larry âgé de 64 ans et décorateur retraité, roule en Volkswagen Golf type 3 de 1993. Selon son témoignage :
« Moi, ma voiture, je l’entretiens! Pour qu’elle soit belle et pouvoir continuer de rouler avec. Je voudrais l’user jusqu’à la corde, celle-là. Attends, une Golf comme ça, je fais 300.000 kilomètres avec! Elle peut encore vivre trente ans, ma voiture! »
Une tendance sceptique
Le fait de refuser la transition vers une voiture plus récente repose aussi sur une réticence envers les intentions écologiques des fabricants. Mais, la voiture récente, d’autant plus celle électrique serait plus polluante. C’est sans doute du fait de sa production qui nécessite l’extraction de métaux précieux comme le lithium et le cobalt.
Les voitures récentes sont dotées d’équipements électroniques et numériques qui en font des méfiants. De plus, la logique du remplacement précoce est remise en cause. Avec ces véhicules, le principe est de classer rapidement chaque modèle comme obsolète pour pourvoir le remplacer par un autre. Chaque année, on propose une version plus stylée.
Il faut esquiver la frénésie
Les voitures de plus de 15 ans sont moins confortables et moins sécurisées et cela nécessite au conducteur d’être plus attentionné. Il devra anticiper et bien observer les choses.
Les vieilles voitures sont plus exigeantes à conduire. Elles nécessitent davantage ses cinq sens. Dans cette optique, si elles ne disposent pas de régulateurs de vitesse, d’aide au freinage d’urgence, ni même de direction assistée, cela rend la tâche plus alambiquée, surtout lors des manœuvres. Effectivement, elles ne suivent pas les impératifs d’efficacité.
Lucas âgé de 22 ans et étudiant en philosophie reconverti en charpentier traditionnel, conduit un Renault 4 de 1982.
Il témoigne :
« Mes parents, ils sont là-dedans, raconte-t-il. Ils gagnent du temps, ils ont le petit boîtier pour passer au péage et puis tout est prélevé sur leur compte… Moi, je trouve ça effrayant! C’est effrayant! T’as l’impression que c’est simple, mais au final, ça va encore plus vite! »
La majorité des utilisateurs de vieilles voitures plaident pour une refonte ambitieuse du système de mobilité. Cela ferait la part belle aux mobilités alternatives et prendrait au sérieux l’usage d’une bicyclette pour se déplacer efficacement. Ils sont unanimes sur le fait que si cette technique de déplacement serait possible, ils laisseront la voiture.
Fabrice, âgé de 47 ans, enseignant-chercheur, est un utilisateur de plusieurs Citroën des années 1970 à 2000. Selon ses affirmations :
« Moi, je ne suis pas nostalgique. Je pense que cette société d’avant, celle de la conquête, on se trompait. Elle a oublié la finitude des choses, comme je pense qu’aujourd’hui on oublie qu’il y a des perspectives! La perspective, c’est le vélo par exemple. […] Avec le vélo, on va dans des endroits où la voiture ne va plus, on s’affranchit des embouteillages, voilà. On peut se projeter de nouveau! »
Pour une vie sobre
Certains esriment que rouler dans une vieille voiture, c’est un moyen de vivre ses mobilités de façon plus frugale. Alors que la conversion à la « vieille voiture » ne fait pas partie d’un projet écologique, le témoignage de ces usagers nous invite à rester vigilent devant le volant.