Des chercheurs australiens dénoncent une définition actuelle « particulièrement limitée » de l’adolescence et considèrent qu’elle s’étend désormais de 10 à 24 ans.

En 2001 sortait Tanguy, un film français mettant en scène André Dussollier et Sabine Azéma en parents d’un jeune homme de 28 ans pas du tout pressé de quitter le cocon familial. Le long-métrage est ensuite devenu une expression du langage courant: « être un Tanguy », c’est s’attarder un peu trop longtemps chez ses parents, gratter quelques années de confort avant de prendre son indépendance.

Si le phénomène était plutôt connoté négativement à l’époque, il est aujourd’hui devenu une réalité sociale. En 2014, près d’un jeune sur deux vivait encore chez ses parents trois ans après la fin de ses études. Une proportion grimpant à 80% pour les jeunes adultes sans diplôme, ce qui souligne les raisons économiques de ce séjour prolongé.

Avec ces changements sociétaux, à partir de quel âge se considère-t-on désormais comme « adulte »? 25 ans, avance aujourd’hui une équipe de scientifiques australiens.

« Plutôt qu’entre 10 et 19 ans, une fourchette entre 10 et 24 ans semble mieux correspondre à la croissance des adolescents et à la vision que la population a de cette phase de la vie », avancent-ils dans une étude publiée le 17 janvier dans la revue médicale The Lancet.

Des politiques sociales plus adaptées?

Les raisons semblent autant biologiques que sociales. Les scientifiques notent qu’une puberté plus précoce « a accéléré le début de l’adolescence dans presque toutes les populations ». En parallèle, le constat progressif d’un allongement de la durée de la croissance a reculé le passage à l’âge adulte « bien au-delà de 20 ans », notamment à causes d’études plus longues et du recul de l’âge du mariage ou de la parentalité.

Une évolution qui justifie pour ces chercheurs d’adapter la définition de l’adolescence pour faire évoluer les lois, les politiques sociales et le service public.

« Définir les limites d’une période de la vie se fait toujours de manière arbitraire », concède Susan Sawyer, auteure principale de l’étude, mais « notre définition actuelle (de l’adolescence) est particulièrement limitée ».

Un risque « d’infantilisation »

Pour la sociologue britannique Jan Macvarish, interrogée par la BBC, ce n’est pourtant pas une raison pour « infantiliser » les jeunes adultes en modifiant trop la manière dont la société et le service public les considèrent.

« Les jeunes sont bien plus formés par les attentes de la société à leur encontre que par leur évolution biologique », estime-t-elle, jugeant qu’il n’y a « rien d’infantilisant à passer son début de vingtaine à étudier ou découvrir le monde du travail ». « La société devrait continuer à attendre le plus possible de la génération future », affirme-t-elle.

Pourtant, pour Russell Viner, à la tête de l’institution représentant les pédiatres du Royaume-Uni, revoir la définition de cette période de la vie peut permettre de « responsabiliser les jeunes en reconnaissant leurs différences », « tant que nous reconnaissons leurs atouts et leur potentiel de développement, plutôt que de se focaliser sur les problèmes de l’adolescence ».