« La déchiqueteuse de papier humaine » : Une femme qui mange du papier tous les jours se confie sur les causes de son addiction

Une étrange addiction alimentaire : manger du papier au quotidien

Imaginez-vous avoir une envie irrépressible de dévorer… des feuilles de papier. Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est pourtant le quotidien de Yaz Chapman, une femme dont l’histoire insolite nous plonge dans le monde méconnu des troubles alimentaires atypiques. Comment en est-elle arrivée là ? Quels risques court-elle ? Peut-on guérir d’une telle addiction ? Plongée dans le parcours étonnant d’une femme surnommée “la déchiqueteuse de papier humaine”.

« La déchiqueteuse de papier humaine » : Une femme qui mange du papier tous les jours se confie sur les causes de son addiction

Une addiction qui a débuté pendant sa grossesse

Tout a commencé en 2015, lors de la première grossesse de Yaz. Ce qui aurait pu n’être qu’une simple envie passagère s’est transformé en une véritable dépendance qui n’a fait que s’intensifier au fil des années. Aujourd’hui, elle consomme quotidiennement jusqu’à 10 feuilles de papier A4, un chiffre qui a considérablement augmenté depuis la naissance de son dernier enfant.

“Je peux comparer ça à l’envie irrésistible de manger du chocolat”, explique Yaz. “Dès que le papier touche ma bouche, je sens immédiatement les hormones du bonheur se libérer dans mon corps.” Cette sensation de plaisir immédiat explique en grande partie pourquoi il lui est si difficile de se défaire de cette habitude.

Face à la raréfaction des documents papier dans notre société de plus en plus numérique, Yaz a dû faire preuve d’ingéniosité pour satisfaire ses envies. “Je n’ai plus de papier à la maison et j’ai mangé toutes mes lettres”, raconte-t-elle. “Avec les factures électroniques, je n’en reçois plus autant qu’avant. Quand des courriers importants arrivent, au lieu de les mettre dans une déchiqueteuse, c’est moi qui les déchiquette… à ma façon !”

Le pica : un trouble alimentaire méconnu

Cette étrange habitude porte un nom : le pica. Selon le National Eating Disorders Association (NEDA), il s’agit d’un trouble alimentaire caractérisé par “l’ingestion de substances non nutritives et non comestibles”. Bien plus qu’une simple manie, le pica pousse ceux qui en souffrent à consommer des objets ou matériaux qui n’ont aucune valeur nutritionnelle et qui ne sont normalement pas considérés comme de la nourriture.

Des manifestations variées et parfois dangereuses

Le papier n’est qu’un exemple parmi d’autres matériaux consommés par les personnes atteintes de pica. Certains se tournent vers des substances encore plus inquiétantes comme :

  • Les briques
  • Le ciment
  • La terre
  • Les morceaux de métal
  • La craie
  • Les cendres

Les risques pour la santé varient selon les substances ingérées, mais peuvent inclure des problèmes dentaires sévères, des complications intestinales, des carences nutritionnelles, des infections ou même des intoxications.

Les tentatives de substitution

Yaz a essayé de trouver des alternatives plus saines à sa consommation de papier. Elle a notamment testé des papiers comestibles spécialement conçus pour la pâtisserie, mais sans succès. “Ce n’est pas du tout la même chose”, déplore-t-elle. “Non seulement ça ne me procure pas la même sensation, mais ça me donne envie d’en manger encore plus pour essayer de combler ce manque.”

Dans sa quête d’alternatives, elle a également expérimenté d’autres substances comme :

  • Le plâtre dentaire
  • La craie
  • Le papier à rouler
  • Le talc
  • Les billes de gel en silice

Ces expérimentations comportent toutefois des risques importants, certaines substances pouvant être toxiques ou causer des complications de santé graves.

Les risques pour la santé : une préoccupation constante

Consciente des dangers potentiels de son comportement, Yaz a pris des précautions, particulièrement durant ses grossesses. “J’ai fait des tests pendant ma grossesse et tous mes niveaux de nutriments étaient normaux, malgré mes fortes envies”, précise-t-elle.

Elle a également adapté ses habitudes pour minimiser les risques : “Quand j’étais enceinte, j’étais beaucoup plus vigilante concernant le type de papier que je consommais. J’en commandais spécifiquement en ligne pour être sûre de sa qualité.”

Pour contrebalancer les effets potentiellement néfastes sur son système digestif, notamment la constipation, Yaz veille à boire beaucoup d’eau. “J’en souffre depuis si longtemps que mon corps s’est adapté. Je fais attention aux quantités et je n’ai pas vraiment eu de problèmes majeurs jusqu’à présent.”

Vivre avec le pica : entre gestion quotidienne et regard des autres

Vivre avec cette addiction peu commune n’est pas simple au quotidien. Yaz doit constamment gérer ses envies tout en faisant face au regard parfois incompréhensif de son entourage. Comme pour toute addiction, l’entourage joue un rôle crucial, oscillant entre soutien et incompréhension.

Dans son cas, cette habitude singulière lui a même valu un surnom : “la déchiqueteuse de papier humaine”, une appellation qui, bien que légère en apparence, peut être difficile à porter au quotidien.

Que faire face au pica ?

Si vous ou un proche présentez des signes de pica, plusieurs approches peuvent être envisagées :

  1. Consultation médicale : Un bilan complet est essentiel pour vérifier l’absence de carences nutritionnelles qui pourraient déclencher ou aggraver le trouble.

  2. Suivi psychologique : Une thérapie comportementale peut aider à comprendre les mécanismes de cette addiction et à développer des stratégies pour la surmonter.

  3. Recherche des causes sous-jacentes : Le pica peut parfois être lié à d’autres troubles comme l’anxiété, le stress ou certains troubles du développement.

  4. Substitution progressive : Trouver des alternatives moins dangereuses peut constituer une étape intermédiaire vers la guérison.

Questions fréquentes sur le pica

Le pica est-il courant pendant la grossesse ?
Oui, les envies de substances non comestibles pendant la grossesse sont relativement fréquentes et souvent associées à des carences en fer ou d’autres minéraux. Ces envies disparaissent généralement après l’accouchement, mais peuvent persister comme dans le cas de Yaz.

Le pica peut-il être guéri ?
Dans de nombreux cas, le pica peut être traité efficacement, surtout lorsqu’il est lié à des carences nutritionnelles. Lorsque les causes sont psychologiques, une thérapie comportementale peut s’avérer nécessaire et efficace.

Existe-t-il un lien entre le pica et d’autres troubles mentaux ?
Le pica peut parfois être associé à d’autres troubles comme l’anxiété, la dépression, ou certains troubles du spectre autistique. Une évaluation complète par des professionnels de santé est recommandée pour déterminer les liens potentiels.

Quels sont les signes qui devraient alerter ?
Des douleurs abdominales, des problèmes digestifs persistants, des dommages dentaires, ou des signes d’intoxication peuvent indiquer des complications liées au pica et nécessitent une attention médicale immédiate.

L’histoire de Yaz nous rappelle que derrière les comportements qui peuvent paraître étranges se cachent souvent des mécanismes complexes, entre physiologie et psychologie. Si le pica reste un trouble méconnu, sa compréhension et sa prise en charge progressent, offrant espoir et solutions à ceux qui en souffrent.

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