Cette année, la filière française bénéficie des récoltes satisfaisantes de graines de moutarde nécessaires à la production de 2022. Pourtant, la situation à l’échelle nationale reste instable.
Les rayons de moutardes restent encore déserts dans les grands distributeurs. La baisse de production de Canada est à l’origine de cette pénurie, alors que le pays couvre près de 80% des 35 000 tonnes de graines de moutarde nécessaire à la production.
Au profit du blé, le pays a réduit significativement la production de graines de moutarde. D’ailleurs, le Canada était sous l’emprise d’une sécheresse qui a déteint sur les cultures. Vers le début de 2022, la production de graines de Canada a baissé jusqu’à en perdre la moitié. Selon le ministère canadien de l’Agriculture, la régression a fait en sorte d’atteindre 50 000 tonnes.
Positionnement de petits producteurs français
Avec un climat indulgent et sans l’invasion d’insectes, la filière française pourra être relancée. Les producteurs d’une petite partie de graines pourraient saisir cette occasion. A Digny en Eure-et-Loire, François Lorin, producteur de graines affirment devant le micro de BFMTV que sa production a augmenté d’un tiers cette année. Puis de renchérir : « C’est pas mal mais ça ne va pas changer fondamentalement les choses ».
Il rappelle qu’en 2016, la surface de production a été divisée en quatre. Ainsi, les producteurs suggèrent que leurs cultures ne pourront pas combler les rayons désertés des grandes surfaces.
En revanche, les restaurants et les épiceries fines auront la possibilité de se procurer de moutarde durant un moment plus ou moins longs. Les producteurs de graines annonce à cet effet : « Les carnets de commandes sont pleins, on a des délais de livraison de 15 jours ».
Tel est le cas de Christophe Mauduit, restaurateur qui a trouvé son propre producteur de graines. Il fabrique donc lui-même la quantité de moutarde dont il a besoin pour ses menus.
Toujours en crise jusqu’à l’année prochaine
Afin de compenser la baisse de la production au Canada, la seule et unique solution, c’est d’élargir la surface cultivable en France.
Selon Fabrice Genin, président de l’Association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne ou APGMP, au média Echos, « Notre objectif est de tripler les surfaces cultivées dans notre région (la Bourgogne), pour atteindre les 10 000 hectares, soit environ 1% des surfaces cultivables de la région. » Puis de continuer, « Les industriels de la filière ont aussi accepté de faire un effort et consenti à une augmentation du prix des graines qui leur seront livrées ».
Les producteurs de Bourgogne terminent justement leurs cultures de cette année. Dès le début du mois de novembre, les premiers pots seront au rendez-vous dans les distributeurs. Malgré l’impossibilité de revenir à la normale avant le début de l’année prochaine, selon les présomptions des industriels, on pourra quand même limiter la pénurie de moutarde.