Fouilles historiques en Irlande : près de 800 bébés retrouvés dans l’ancien « mother and baby home »

En Irlande, une équipe médico-légale a commencé l’excavation d’un site chargé d’histoire, celui de l’ancien Bon Secours Mother and Baby Home situé dans le comté de Galway. Ce lieu, qui accueillait des mères célibataires et leurs enfants au milieu du XXe siècle, est aujourd’hui au centre d’une sombre découverte : près de 800 bébés auraient été enterrés dans une fosse commune, un secret longtemps gardé.

Cette révélation doit beaucoup au travail minutieux de l’historienne Catherine Corless, qui dès 2014 avait mis au jour des archives montrant que 798 nourrissons étaient morts au sein de cette institution. Pendant des décennies, deux corps seulement avaient été officiellement identifiés sur le site, découvert en 1975, mais le reste était resté un mystère, attribué à tort à une ancienne fosse datant de la grande famine de 1845.

Qu’est-ce qu’un « mother and baby home » ?

Ces « maisons pour mères et bébés » étaient des établissements où les jeunes femmes célibataires, souvent ostracisées dans une société irlandaise profondément catholique, venaient accoucher et séjourner. Beaucoup de ces mères étaient rejetées par leurs familles et la communauté.

Selon un rapport officiel du gouvernement irlandais, près de la moitié des décès infantiles hors mariage survenus entre 1935 et 1945 avaient lieu dans ces foyers. Pourtant, ces établissements ne logeaient qu’un quart des enfants nés hors mariage à l’époque, ce qui témoigne des conditions particulièrement difficiles auxquelles étaient confrontés ces bébés.

Où et comment ont été retrouvés ces restes ?

Les restes des bébés ont été découverts sur les terres du Bon Secours Mother and Baby Home à Tuam, dans le comté de Galway. Ce lieu était géré par les religieuses de l’ordre catholique des Bon Secours sisters.

L’ordre religieux a présenté des excuses « profondes » et reconnu que ces enfants avaient été enterrés « d’une manière irrespectueuse et inacceptable ».

Les fouilles menées actuellement visent à exhumer ces restes afin d’identifier ces enfants, dans une opération qui pourrait durer jusqu’à deux ans.

Pourquoi autant d’enfants sont-ils morts ?

Les conditions de vie dans le foyer étaient extrêmement précaires. Selon la BBC, en moyenne, un bébé mourait toutes les deux semaines dans cette maison.

Annette McKay, dont la mère a vécu dans ce foyer, raconte que sa sœur, Mary Margaret, née en 1942, est morte à six mois de coqueluche. Sa mère n’a même pas pu voir son enfant avant qu’il ne soit enterré.

Ces drames humains s’expliquent par la pauvreté, la négligence et les mauvaises conditions sanitaires. Les enfants nés hors mariage n’avaient pas droit à une sépulture digne, souvent jetés dans une ancienne fosse à eaux usées surnommée « la fosse ».

Un lieu d’histoire, mais aussi de souffrance

Le Bon Secours Mother and Baby Home avait ouvert ses portes en 1925 dans un ancien hospice pour pauvres, et a fonctionné pendant 36 ans avant sa fermeture en 1961. Après son démantèlement, le site a été transformé en lotissement municipal.

Le travail de Catherine Corless a été capital pour faire lumière sur ces horreurs longtemps passées sous silence. Elle déplore le refus des autorités religieuses de reconnaître et d’inclure ces enfants dans la mémoire chrétienne officielle : baptême et enterrement digne leur avaient été refusés.

Ce que cela signifie aujourd’hui

Cette découverte est un rappel douloureux du traitement réservé aux femmes célibataires et à leurs enfants en Irlande au XXe siècle, sous une société marquée par la religion et le conservatisme.

L’exhumation et l’identification des corps permettront peut-être à ces enfants oubliés d’avoir une sépulture digne et aux familles de retrouver une forme de paix.

Pour Catherine Corless, ce travail est aussi une forme de justice historique :

« Je ne comprends pas comment on a pu faire ça à ces petits bébés vulnérables… »

🙏 Partagez cet article pour que ces histoires oubliées ne tombent jamais dans l’oubli et pour soutenir les familles des victimes.

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