Un citoyen exaspéré envoie 600 préservatifs aux députés : quand la colère citoyenne prend une forme insolite
Face à la dégradation du débat politique et aux comportements jugés indignes au sein de l’Assemblée nationale, un citoyen héraultais a décidé d’exprimer son mécontentement d’une manière pour le moins originale. Cette action, à la fois provocante et symbolique, révèle un malaise profond face à la représentation politique actuelle.

Un geste symbolique qui fait parler
Le jeudi 11 septembre dernier, le palais Bourbon à Paris a reçu un colis pour le moins inhabituel : 600 préservatifs. Ce “cadeau” singulier était accompagné d’un message sans équivoque, suggérant aux députés de les utiliser “pour qu’ils ne se reproduisent pas”. Derrière cette action audacieuse se cache Pierre Guiraud, un habitant de Lodève dans l’Hérault, connu localement sous le surnom de “Pierrot le Zygo”.
Ce n’est pas la première fois que ce citoyen engagé utilise l’humour et la provocation pour faire passer des messages politiques. En 2019, il avait déjà fait parler de lui en envoyant un pyjama des Dalton à Patrick Balkany alors incarcéré à la prison de la Santé. Son parcours militant l’avait même conduit à se présenter comme candidat “coluchiste” aux élections législatives de 2012.
Une critique acerbe du comportement parlementaire
À travers son geste provocateur, Pierre Guiraud dénonce plusieurs aspects du comportement des élus qu’il juge inacceptables :
Des discours jugés démagogiques
“Quand j’entends les uns dire que la police ce sont des assassins, quand j’entends les autres dire que les Arabes sont la cause de la situation actuelle, quand j’entends les écolos dire qu’il faut manger plus de viande, je trouve que c’est ridicule et que ça n’a pas lieu d’être”, a-t-il expliqué au média Ici Hérault.
Une tenue indigne dans l’hémicycle
Ce qui semble particulièrement l’exaspérer, c’est l’attitude des députés au sein même de l’Assemblée nationale : “Quand on voit les élus crier, d’autres à moitié affalés, ceux qui ne se serrent pas la main, qui s’insultent […] Le niveau de l’Assemblée à chaque élection législative descend de plus en plus, là on n’est plus au niveau, on est au caniveau.”
Un malaise citoyen qui s’exprime par la dérision
Cette action, bien que provocatrice, illustre un phénomène plus large : le désenchantement croissant des citoyens envers leurs représentants. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette tendance :
La théâtralisation excessive des débats
L’Assemblée nationale est parfois perçue comme un théâtre où la forme l’emporte sur le fond. Les joutes verbales, les interruptions et les comportements jugés immatures détournent l’attention des enjeux réels.
L’écart entre promesses et réalisations
Le fossé parfois important entre les engagements pris durant les campagnes et les actions effectivement menées une fois élu alimente la défiance.
La médiatisation des scandales
La surexposition médiatique des scandales politiques, qu’ils soient avérés ou présumés, contribue à ternir l’image collective des élus.
Des bénéfices démocratiques inattendus
Si l’action de Pierre Guiraud peut paraître excessive ou impertinente, elle présente néanmoins certains aspects positifs pour le débat démocratique :
- Elle suscite une réflexion sur la qualité de la représentation politique
- Elle rappelle aux élus qu’ils sont sous le regard vigilant des citoyens
- Elle utilise l’humour comme outil de critique sociale, dans la tradition satirique française
- Elle ouvre potentiellement un espace de dialogue sur les attentes des citoyens vis-à-vis de leurs représentants
Un appel à renouveler les pratiques politiques
Au-delà de la provocation, ce geste peut être interprété comme un appel au renouvellement des pratiques politiques. Il invite à :
- Restaurer la dignité des débats parlementaires
- Privilégier les arguments de fond plutôt que les effets de manche
- Renouer le lien de confiance entre représentants et représentés
- Recentrer l’action politique sur les problèmes concrets des citoyens
Conclusion : quand l’exaspération citoyenne devient créative
L’initiative de Pierre Guiraud, aussi inhabituelle soit-elle, s’inscrit dans une longue tradition française de critique politique par l’humour et la dérision. Elle rappelle que la vigilance citoyenne est un pilier essentiel de la démocratie.
Si elle fait sourire, cette action invite aussi à une réflexion plus profonde sur la qualité de notre représentation nationale et sur les moyens d’améliorer le fonctionnement de nos institutions démocratiques. En définitive, derrière ce geste provocateur se cache peut-être une forme paradoxale d’attachement aux valeurs républicaines et à l’idéal d’une représentation politique digne et respectueuse.
Foire aux questions
Cette action est-elle légale ?
Oui, envoyer des objets non dangereux aux élus est légal, même si le message peut être considéré comme provocateur. Il s’agit d’une forme d’expression politique protégée par la liberté d’expression.
Comment les députés ont-ils réagi à cet envoi ?
Aucune réaction officielle n’a été communiquée par l’Assemblée nationale ou par des députés individuellement suite à la réception de ce colis inhabituel.
Y a-t-il eu d’autres actions similaires par le passé ?
Oui, l’histoire française regorge d’actions symboliques et provocatrices visant les représentants politiques. On peut notamment citer les actions du groupe humoristique “Les Guignols de l’Info” ou certaines initiatives de Coluche, dont Pierre Guiraud se revendique d’ailleurs l’héritier.
Ce type d’action peut-il vraiment influencer le comportement des élus ?
Si une action isolée a peu de chances de transformer radicalement les comportements, la multiplication de critiques citoyennes et la médiatisation de certaines actions peuvent contribuer à une prise de conscience progressive et à une évolution des pratiques politiques.