Polémique autour d’Emmanuel Macron : l’analyse controversée d’un psychiatre italien
Impopularité croissante, critiques incessantes et décisions contestées… La personnalité d’Emmanuel Macron continue de susciter de vifs débats, notamment depuis qu’un psychiatre italien l’a qualifié de “psychopathe narcissique”. Ces propos, tenus en 2017, resurgissent aujourd’hui alors que le président français traverse une période politique particulièrement délicate.
Une analyse psychiatrique à distance qui fait polémique
En 2017, pendant la campagne présidentielle française, le Dr Adriano Segatori avait fait sensation en livrant un diagnostic à distance sur la personnalité d’Emmanuel Macron, alors candidat. Selon ce psychiatre italien, Macron présenterait les caractéristiques d’un “psychopathe narcissique” et constituerait même un “danger”.
“Le paradoxe veut qu’il semble pathologiquement normal, mais nous sommes en plein narcissisme qu’il n’est pas interdit de définir comme malveillant. Nous sommes confrontés à un individu parfaitement définissable comme psychopathe”, affirmait le Dr Segatori dans une vidéo qui avait rapidement circulé sur les réseaux sociaux.
Cette analyse, bien que contestable sur le plan déontologique puisque réalisée sans rencontrer le sujet, avait été largement partagée par des personnalités proches de l’extrême droite, donnant une dimension politique à ce qui se présentait comme un diagnostic médical.
Une stratégie politique basée sur des théories psychologiques
Cette “analyse psychologique” aurait même influencé la stratégie de Marine Le Pen lors du débat de l’entre-deux-tours face à Emmanuel Macron. Selon les révélations du Canard Enchaîné, l’équipe de campagne de la candidate du Rassemblement National avait élaboré une tactique visant à exploiter ce supposé narcissisme pathologique.
L’objectif était clair : pousser Emmanuel Macron dans ses retranchements pour provoquer une réaction excessive qui révélerait au grand public sa personnalité prétendument déséquilibrée. La stratégie consistait à attaquer frontalement le candidat dans l’espoir qu’il perde son sang-froid et dévoile ce “narcissisme malveillant”.
Un échec stratégique retentissant
Contrairement aux prévisions de l’équipe Le Pen, Emmanuel Macron s’était montré particulièrement calme et maître de lui-même durant ce débat crucial. Non seulement il n’avait pas craqué sous la pression, mais c’est Marine Le Pen qui avait semblé dépassée par les événements.
Ce débat, considéré comme désastreux pour la candidate d’extrême-droite, avait largement contribué à sa défaite au second tour. L’échec de cette stratégie basée sur des considérations psychologiques douteuses illustre les risques de s’appuyer sur des analyses psychiatriques à distance pour bâtir une stratégie politique.
Les limites éthiques du diagnostic à distance
Il est important de souligner que la pratique consistant à diagnostiquer des personnalités publiques sans les avoir examinées personnellement est vivement critiquée dans le milieu médical. Aux États-Unis, cette pratique est même encadrée par la “règle Goldwater”, établie par l’Association américaine de psychiatrie, qui interdit aux psychiatres de s’exprimer sur l’état mental de personnalités publiques qu’ils n’ont pas examinées.
Le cas du Dr Segatori soulève donc d’importantes questions éthiques : peut-on poser un diagnostic psychiatrique sur une personne qu’on n’a jamais rencontrée ? Les propos d’un médecin, lorsqu’ils concernent une figure politique, ne sont-ils pas nécessairement teintés d’opinions politiques personnelles ?
La résurgence d’une polémique dans un contexte de crise
Si cette controverse refait surface aujourd’hui, c’est sans doute parce que le président Macron traverse une période particulièrement difficile. Sa popularité en berne et les critiques concernant son style de gouvernance jugé parfois autoritaire ou déconnecté alimentent les interrogations sur sa personnalité.
Certains commentateurs politiques n’hésitent pas à recycler des termes comme “narcissisme” ou “sociopathie” pour expliquer l’apparente imperméabilité du président aux critiques. Ces qualificatifs, utilisés hors de leur contexte médical, deviennent alors des armes politiques visant à discréditer l’adversaire.
Une instrumentalisation dangereuse de la psychiatrie
Ce type de polémique illustre une tendance préoccupante à instrumentaliser les concepts psychiatriques à des fins politiques. L’utilisation de termes cliniques comme “psychopathe” ou “narcissique” pour disqualifier un adversaire politique banalise des pathologies graves et stigmatise les personnes qui en souffrent réellement.
Par ailleurs, réduire les choix politiques d’un dirigeant à de supposés troubles psychiques évite d’analyser véritablement les décisions sur le fond et d’engager un débat démocratique constructif sur les orientations politiques.
Foire aux questions
Peut-on réellement diagnostiquer un trouble mental sans rencontrer la personne ?
Non, selon les standards éthiques de la psychiatrie moderne. Un diagnostic fiable nécessite des entretiens cliniques approfondis et une évaluation complète du patient, impossible à réaliser à distance ou via les médias.
Les termes “narcissique” ou “psychopathe” ont-ils le même sens en psychiatrie et dans le langage courant ?
Non. Dans le langage courant, ces termes sont souvent utilisés de manière péjorative pour désigner des comportements égoïstes ou manipulateurs. En psychiatrie, ils correspondent à des troubles de la personnalité précis avec des critères diagnostiques stricts.
Pourquoi ce genre de polémique ressurgit-il régulièrement en politique ?
La psychologisation du débat politique permet de disqualifier un adversaire sans avoir à débattre de ses idées. C’est une forme d’attaque personnelle qui détourne l’attention des véritables enjeux politiques tout en donnant l’apparence d’une analyse profonde.
Comment distinguer une analyse politique légitime d’une instrumentalisation de concepts psychiatriques ?
Une analyse politique légitime se concentre sur les actions, les décisions et les idées d’un dirigeant, pas sur sa supposée psychologie. Elle évite les étiquettes diagnostiques et privilégie l’analyse factuelle des politiques menées.
