Désespéré, un propriétaire détruit sa propre maison à coups de masse pour empêcher les squatteurs d’y habiter

Quand la justice est trop lente : un propriétaire brestois détruit sa maison pour évincer les squatteurs

À Brest, l’histoire d’un propriétaire poussé à l’acte désespéré fait réfléchir sur les limites du droit au logement face au droit de propriété. Confronté à l’occupation illégale de son bien et à l’inaction des autorités, cet homme a pris une décision radicale : détruire son propre logement pour en chasser les occupants. Ce cas extrême illustre la complexité et les frustrations que peuvent rencontrer les propriétaires face au phénomène du squat en France.

Désespéré, un propriétaire détruit sa propre maison à coups de masse pour empêcher les squatteurs d'y habiter

Une situation de plus en plus fréquente en France

Le squat est devenu un véritable cauchemar pour de nombreux propriétaires français. La législation actuelle, qui vise à protéger les personnes vulnérables contre les expulsions brutales, crée parfois des situations où les propriétaires se retrouvent privés de leurs biens pendant des mois, voire des années. Les procédures d’expulsion sont longues, coûteuses, et souvent freinées par la trêve hivernale qui interdit les expulsions entre novembre et mars.

Face à cette réalité, certains propriétaires adoptent des stratégies désespérées. On a vu récemment un septuagénaire retirer toutes les portes et fenêtres de son appartement squatté, ou encore cette femme qui a jeté un nid de guêpes dans sa maison occupée illégalement. Des actes extrêmes qui témoignent d’un sentiment d’impuissance face à la lenteur administrative.

L’affaire de Brest : chronique d’un désespoir

Une négociation impossible

Notre propriétaire brestois avait acquis un petit immeuble en 2021, probablement avec des projets ou comme investissement pour sa retraite. Son bien s’est retrouvé occupé par une famille roumaine de neuf personnes, installée sans droit ni titre depuis plusieurs mois.

Après avoir déposé une plainte restée sans suite immédiate auprès des autorités, l’homme a tenté de résoudre le problème à l’amiable. Il a proposé 2 000 euros à la famille pour qu’elle quitte les lieux volontairement – une somme non négligeable qui montre sa détermination à récupérer son bien.

“Les squatteurs étaient d’accord de quitter les lieux en échange d’une enveloppe de 2 000 euros. Mais lorsque je me suis présenté pour les payer et récupérer mon logement, la somme n’était plus suffisante”, a-t-il expliqué au journal Le Télégramme.

Le passage à l’acte

C’est un concours de circonstances qui a précipité la décision du propriétaire. Passant quotidiennement devant son bien, il a remarqué l’absence des occupants, partis temporairement en Roumanie pour des funérailles. Il a saisi cette opportunité pour agir radicalement.

Armé de masses et de barres à mine, il s’est introduit dans sa propriété et a méthodiquement rendu le logement inhabitable : destruction du plancher du premier étage, démolition des escaliers, mise hors service des réseaux d’eau et d’électricité.

“Je n’avais pas d’autre solution. Je passe devant tous les jours et je me suis aperçu qu’il n’y avait personne. J’ai donc écarté leurs affaires et commencé les travaux”, a-t-il justifié.

Les conséquences d’un acte désespéré

Pour les squatteurs

À leur retour, la famille a découvert ses affaires personnelles déposées dans la rue et un logement devenu dangereux et invivable. Cette situation aurait pu créer une urgence humanitaire, mais les services sociaux de Brest, qui connaissaient déjà cette famille, sont intervenus pour lui proposer une solution de relogement quelques semaines plus tard.

Pour le propriétaire

Si son action lui a permis de récupérer son bien, le propriétaire s’expose désormais à de graves conséquences judiciaires. La législation française est claire : même face à une occupation illégale, un propriétaire ne peut pas se faire justice lui-même. En agissant ainsi, il risque jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour avoir délogé des occupants sans passer par la procédure légale.

Erreurs à éviter pour les propriétaires confrontés aux squatteurs

Ne jamais se faire justice soi-même

Aussi frustrant que cela puisse paraître, la loi interdit formellement aux propriétaires d’expulser eux-mêmes des squatteurs. Toute action directe (couper l’eau, l’électricité, changer les serrures, intimidation…) peut se retourner contre le propriétaire et compliquer davantage la procédure légale.

Ne pas négliger la protection préventive

De nombreux squats surviennent dans des logements inoccupés. Pour réduire les risques, plusieurs mesures peuvent être adoptées :

  • Visiter régulièrement le logement vide
  • Installer un système d’alarme
  • Faire poser des serrures renforcées
  • Demander à des voisins de signaler toute activité suspecte

Ne pas renoncer aux procédures légales, même si elles semblent lentes

Si un squat est découvert récemment (moins de 48 heures), il existe une procédure d’évacuation forcée rapide. Au-delà, la procédure classique reste le meilleur recours, malgré sa lenteur. Un avocat spécialisé peut accélérer les démarches et maximiser les chances de succès.

Des solutions alternatives plus constructives

La médiation sociale

Dans certaines villes, des services de médiation peuvent intervenir pour trouver des solutions négociées, évitant ainsi les procédures judiciaires longues et coûteuses.

Les dispositifs d’occupation temporaire légale

Plutôt que de laisser un logement vide, certaines associations proposent des conventions d’occupation temporaire, permettant un usage encadré du bien tout en protégeant les droits du propriétaire.

L’aide juridique spécialisée

Des associations de propriétaires offrent conseils et assistance pour faire face aux squats. Leur expertise peut s’avérer précieuse pour naviguer dans les méandres juridiques.

Résumé et conclusion

L’affaire de ce propriétaire brestois illustre parfaitement le dilemme auquel sont confrontés de nombreux propriétaires en France : coincés entre le respect de la loi qui leur impose des procédures longues et une situation personnelle souvent intenable financièrement et émotionnellement.

Si la destruction de sa propre maison représente une solution extrême et légalement risquée, elle met en lumière un véritable problème sociétal : l’équilibre fragile entre la protection des personnes vulnérables et le respect du droit de propriété.

Pour les propriétaires, la meilleure approche reste la prévention et le recours aux voies légales, aussi imparfaites soient-elles. Pour les pouvoirs publics, cette affaire souligne l’urgence d’une réflexion sur l’accélération des procédures d’expulsion tout en garantissant des solutions de relogement pour les personnes en situation de précarité.

Foire aux questions

Un propriétaire peut-il légalement faire partir des squatteurs par ses propres moyens ?

Non. La loi française interdit formellement aux propriétaires de se faire justice eux-mêmes. Seule une décision de justice suivie d’une intervention d’un huissier, éventuellement assisté des forces de l’ordre, peut légalement expulser des squatteurs.

Quelle est la durée moyenne d’une procédure d’expulsion en France ?

Les procédures peuvent durer entre 6 mois et 2 ans, particulièrement si elles chevauchent la période de trêve hivernale (1er novembre au 31 mars) pendant laquelle les expulsions sont généralement interdites.

Existe-t-il des assurances contre les squats ?

Oui, certaines assurances habitation proposent des options “protection juridique” qui peuvent couvrir les frais de procédure en cas de squat. Il est conseillé de vérifier les clauses spécifiques auprès de son assureur.

Les lois récentes ont-elles renforcé les droits des propriétaires face aux squatteurs ?

La loi ASAP de 2020 a légèrement renforcé les droits des propriétaires en facilitant la procédure administrative d’expulsion pour les résidences secondaires et les logements vacants, mais le cadre global reste contraignant pour les propriétaires.

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