Après les guerres en Ukraine et d’autres facteurs dans plusieurs domaines, trouver une boite de moutarde devient un véritable défi.
Il y a des semaines de cela, les moutardes étaient encore en grande quantité. Pour l’heure, ces aliments connaissent une pénurie. Les distributeurs français sont alors contraints de limiter l’achat à raison d’un à deux pots de moutarde par personne en un an, contre un kilo par personne auparavant.
Et bien évidemment, le prix a très vite augmenté. En un intervalle d’un an, le coût a augmenté de 14%, à en croire à la statistique d’Iri. De surcroît, la situation est loin de redevenir stable.
Selon Luc Vandermaesen, président de l’Association moutarde de Bourgogne, la situation prendra assez de temps avant de s’arranger. Lors de son interview accordée au journal Le Monde, la situation risque de pérenniser jusqu’à deux années de plus.
Une production de plus en plus lente
Alors que la guerre en Ukraine se répercute fortement sur le domaine économique de plusieurs pays du monde, d’autres facteurs sont pointés du doigt. Le pays producteurs de moutarde de Dijon n’est pas le berceau des graines de moutarde, comme le pensent de nombreuses personnes. De ce fait, la France doit combler l’approvisionnement dans l’importation. Et dans ce sens, 80% des 35 000 tonnes de graines de moutarde proviennent du Canada.
Or, ce pays de l’Amérique du Nord vient de sortir d’une sécheresse qui a ravagé les plantations, notamment les graines. Au début de l’année 2022, la production de graines au Canada a baissé considérablement, pour n’en recevoir que 50 000 tonnes, comme l’affirme le ministère canadien de l’Agriculture.
Vers une reconstitution de la filière française
Cette situation serait un élan pour relancer la filière française. Certains producteurs de graines ont l’intention de tirer profit de cette pénurie et des soucis d’importations à l’Est.
Dans les rapports des Echos, Fabrice Genin, président de l’Association des producteurs de graines de moutarde :
Notre objectif est de tripler les surfaces cultivées dans notre région pour atteindre les 10 000 hectares, soit environ 1% des surfaces cultivables de la région. Les industriels de la filière ont aussi accepté de faire un effort et consenti à une augmentation du prix des graines qui leur seront livrées.
Cette technique n’aura ces fruits que si les producteurs misent sur des semences plus résistantes aux insectes et aux changements climatiques. Par ailleurs, la législation française est plus stricte que les autres pays quant à l’utilisation d’insecticides, un des blocages de la filière française.
Toutefois, ces mesures ne paieront uniquement à partir de l’année prochaine, voire des années plus tard. La firme anglo-néerlandaise Unilever, premier producteur de moutarde en France admet que des récoltes de graines de Bourgogne toutes entières suffiront pour couvrir la production de moutardes Amora et Maille sur une année.
Afin de garantir la quantité totale de production 2022, il manquera à l’entreprise, un tiers de ses besoins en graines de moutarde, peut-on lire sur les lignes des Echos. Mais, la firme assurer qu’il retrouvera l’approvisionnement habituel à partir de la réception de sa récolte de graines au mois d’octobre prochain.