Une Chute Aux Conséquences Juridiques : L’Affaire de la Feuille de Salade
Une simple course au supermarché peut parfois prendre une tournure inattendue. C’est ce qu’a vécu Marie-Line, psychologue de 42 ans et mère de famille, dont la vie a basculé après une chute dans un magasin Grand Frais. Son histoire soulève d’importantes questions sur la responsabilité des commerces et les recours des consommateurs victimes d’accidents.

Un incident banal aux conséquences graves
Le 1er octobre 2024, ce qui devait être une simple visite au supermarché s’est transformé en cauchemar pour cette habitante de Givors, dans le Rhône. Alors qu’elle parcourait le rayon fruits et légumes, Marie-Line a glissé sur une feuille de salade tombée au sol, décrite comme “pourrie”. La chute fut violente : incapable de rester debout en raison d’une douleur intense, elle s’est retrouvée étalée au sol.
Bien que deux clientes l’aient aidée à se relever et qu’elle ait signalé l’incident à une employée, Marie-Line a quitté le magasin en boitant, sans se douter de la gravité de ses blessures. Ce n’est qu’après avoir contacté son compagnon et s’être rendue aux urgences que le diagnostic est tombé : fracture du cuboïde (un os du pied), entorse sévère et foulure du rachis cervical.
Une convalescence difficile et des conséquences en cascade
Les suites de cet accident se sont révélées particulièrement éprouvantes pour la famille entière :
Une immobilisation prolongée
Marie-Line a dû porter un plâtre pendant sept longues semaines, limitant considérablement son autonomie et transformant son quotidien en parcours du combattant.
Des difficultés financières
L’aspect financier a rapidement ajouté une couche de stress supplémentaire. En raison d’un problème administratif, la victime n’a pas perçu son salaire pendant sa période d’immobilisation, fragilisant davantage la situation économique du foyer.
Des répercussions familiales
Son conjoint a été contraint d’arrêter temporairement son activité professionnelle pour s’occuper de leurs enfants, dont l’un est en situation de handicap, ce qui a augmenté la pression sur l’ensemble de la famille.
Des séquelles persistantes
Même après plusieurs mois de rééducation, Marie-Line conserve d’importantes séquelles : “Il y a trois mois, je ne pouvais pas descendre les escaliers. Maintenant, je marche une demi-heure, après j’ai très mal”, a-t-elle confié à la presse. Elle mentionne également une prise de poids significative liée à son immobilisation forcée.
Une bataille juridique qui tourne mal
Face à ces conséquences, Marie-Line a tenté d’obtenir réparation auprès du supermarché, démarrant ainsi un bras de fer juridique avec l’enseigne :
Des demandes sans réponse
Ses premières démarches se sont heurtées à un mur. La demande de copie du contrat d’assurance de Grand Frais est restée lettre morte. De même, sa requête pour obtenir les images de vidéosurveillance s’est soldée par un échec, le magasin affirmant que les enregistrements n’étaient plus disponibles.
Une version contestée
Un employé du supermarché a contesté la version de Marie-Line, soulignant que les sols étaient nettoyés régulièrement : “Si c’est sale, on passe la machine. C’est du béton au sol, donc on voit vite ce qu’il y a”, a-t-il déclaré au quotidien Le Progrès.
Un retournement de situation
En février 2025, l’avocate de Marie-Line a envoyé un courrier recommandé à Grand Frais, accompagné d’une mise en demeure et d’une assignation en référé. Contre toute attente, la justice a donné raison au supermarché. Pire encore, la plaignante a été condamnée à verser 3000 euros au magasin et à rembourser les frais d’avocat.
“J’ai eu l’impression d’être punie deux fois”, a confié Marie-Line, visiblement abattue par cette décision. Un second référé est prévu pour le 20 novembre prochain, laissant une dernière chance à la plaignante d’obtenir gain de cause.
Les leçons à tirer de cette affaire
Cette histoire met en lumière plusieurs points importants pour les consommateurs :
La difficulté à prouver la responsabilité
Sans témoin direct ou preuve matérielle (comme une vidéosurveillance), il devient extrêmement difficile de prouver la négligence d’un commerce, même en cas de blessure réelle.
L’importance d’agir rapidement
Dans ce genre de situation, il est crucial de :
- Signaler immédiatement l’incident au personnel
- Demander qu’un rapport écrit soit rédigé sur place
- Prendre des photos de la cause de la chute et du lieu
- Collecter les coordonnées de témoins éventuels
- Consulter un médecin sans délai pour établir un certificat médical
Le risque financier d’une action en justice
Comme le montre cette affaire, engager une procédure judiciaire comporte un risque financier non négligeable si le jugement est défavorable.
Que faire en cas d’accident dans un commerce ?
Pour maximiser vos chances d’obtenir réparation en cas d’accident similaire :
- Documentez l’incident : prenez des photos, notez les détails et l’heure
- Signalez officiellement : exigez un rapport écrit signé par un responsable du magasin
- Consultez rapidement un médecin : faites établir un certificat médical détaillant vos blessures
- Informez votre assurance : votre assurance responsabilité civile peut vous conseiller
- Consultez un avocat spécialisé : avant d’engager des poursuites, évaluez vos chances de succès
Foire aux questions
Le magasin est-il automatiquement responsable en cas de chute d’un client ?
Non. La responsabilité du magasin n’est engagée que s’il y a négligence prouvée dans l’entretien des locaux ou manquement à l’obligation de sécurité.
Quel délai ai-je pour agir après un accident dans un commerce ?
En France, vous disposez généralement de 5 ans pour engager une action en responsabilité civile, mais il est vivement recommandé d’agir rapidement pour préserver les preuves.
Puis-je demander une indemnisation à l’amiable avant d’aller en justice ?
Absolument, c’est même recommandé. Une démarche amiable préalable, éventuellement avec l’aide d’un médiateur, peut permettre d’obtenir réparation sans les coûts et l’incertitude d’un procès.
Mon assurance peut-elle m’aider dans ce type de situation ?
Votre assurance responsabilité civile peut effectivement vous conseiller et parfois prendre en charge certains frais juridiques, selon les garanties de votre contrat.
Cette affaire nous rappelle que même les incidents apparemment anodins peuvent avoir des conséquences majeures sur notre vie quotidienne. Elle souligne également l’importance de connaître ses droits et les précautions à prendre en cas d’accident dans un lieu public.