Une initiative innovante : cours de dressage obligatoires pour les nouveaux propriétaires de chiens à Bâle
À l’heure où l’adoption d’animaux de compagnie connaît un essor considérable, une ville suisse a décidé de prendre les devants avec une mesure aussi originale qu’efficace. Bâle impose désormais à tous les nouveaux propriétaires canins de suivre une formation obligatoire en dressage. Une initiative qui pourrait bien faire des émules et transformer notre rapport aux animaux de compagnie.
Une réponse concrète face à l’augmentation des abandons
Combien de fois avons-nous entendu cette histoire déchirante ? Une famille adopte un adorable chiot, craque pour ses yeux attendrissants, puis se retrouve complètement dépassée face à un animal devenu ingérable faute d’éducation appropriée. L’issue est souvent la même : l’abandon. C’est précisément pour briser ce cycle dévastateur que la ville de Bâle a mis en place cette mesure préventive depuis avril dernier.
La formation imposée n’est pas anodine : huit leçons complètes où les nouveaux maîtres apprennent les fondamentaux de l’éducation canine. Ordres de base, communication efficace avec l’animal, anticipation des situations problématiques… Tout est pensé pour créer une relation harmonieuse entre l’humain et son compagnon à quatre pattes.
Comment fonctionne ce programme innovant ?
Une formation sur mesure et accessible
Le programme bâlois présente l’avantage d’être flexible. Chaque propriétaire peut choisir l’éducateur canin qui lui convient, tout en respectant le cadre des huit séances obligatoires. Nicole Wölfli, éducatrice canine, explique que la formation couvre des aspects essentiels : “Ne tire pas sur la laisse, assis, couché, attends… Ce sont des exercices très utiles dès qu’on sort avec le chien. On donne aussi des explications aux maîtres concernant la protection animale pour qu’ils apprennent à sortir avec leur chien tout en évitant les situations compliquées.”
Un processus encadré et contrôlé
Une fois la formation achevée, le propriétaire reçoit une attestation officielle qu’il doit présenter à l’office vétérinaire cantonal dans l’année suivant l’adoption. Le non-respect de cette obligation entraîne des amendes, renouvelables annuellement jusqu’à mise en conformité. Un système qui incite fortement à prendre cette formation au sérieux.
Les raisons derrière cette réglementation
Cette initiative n’est pas née du hasard. Guido Vogel, directeur du département canin à l’office vétérinaire cantonal de Bâle-Ville, révèle un constat alarmant : “Nous avons remarqué que les achats impulsifs de chiens via internet étaient en augmentation. Les gens ne réfléchissent pas avant d’adopter un animal et cela a occasionné des problèmes. Le nombre de morsures, tout comme celui de blessures graves causées par ces morsures, avait doublé.”
En fait, cette mesure avait déjà été expérimentée entre 2008 et 2016, avant d’être temporairement abandonnée. Son retour témoigne de son efficacité et de la nécessité d’encadrer davantage les adoptions.
Des bénéfices multiples pour la société et les animaux
Pour les propriétaires
Cette formation constitue une véritable plus-value pour les maîtres. Elle leur permet d’acquérir des compétences concrètes en matière d’éducation canine, d’anticiper les problèmes comportementaux et de développer une relation plus saine avec leur animal. Loin d’être une contrainte, ces cours représentent un investissement pour une cohabitation harmonieuse sur le long terme.
Pour les animaux
Les premiers bénéficiaires de cette mesure sont sans conteste les chiens eux-mêmes. Un animal bien dressé vit plus sereinement, comprend mieux les attentes de son maître et s’adapte plus facilement à son environnement. Le dressage approprié réduit également le stress du chien, favorisant ainsi son bien-être général.
Pour la communauté
La société dans son ensemble y gagne également. Moins de chiens errants, moins d’incidents impliquant des morsures, et une meilleure intégration des animaux dans l’espace public. C’est toute la collectivité qui profite d’animaux mieux éduqués et de propriétaires plus responsables.
La Suisse, un pays aux réglementations canines strictes
Il faut replacer cette initiative dans le contexte plus large de la politique suisse en matière de possession d’animaux. En Suisse, avoir un chien représente un engagement financier conséquent : une taxe annuelle de 160 francs suisses (environ 170 euros) pour le premier animal, et 320 francs (340 euros) pour chaque animal supplémentaire.
Si certains lieux restent interdits aux chiens, le pays propose également de nombreux espaces spécialement aménagés pour eux. Cette approche équilibrée témoigne d’une vision réfléchie de la cohabitation entre humains et animaux.
Pourrait-on voir ce modèle s’exporter ailleurs ?
Face aux chiffres alarmants d’abandons dans de nombreux pays, notamment en France où la SPA rapporte des statistiques préoccupantes chaque année, le modèle bâlois pourrait inspirer d’autres municipalités ou nations. Cette approche préventive semble plus efficace que les mesures prises après les abandons.
Certains spécialistes suggèrent même que ce type de formation pourrait être adapté à d’autres animaux de compagnie couramment abandonnés, comme les chats ou les nouveaux animaux de compagnie (NAC).
Ce qu’il faut retenir
L’initiative de Bâle représente une approche novatrice face à un problème persistant. En responsabilisant les propriétaires dès l’adoption, elle s’attaque à la racine du problème plutôt qu’à ses conséquences. Les cours obligatoires de dressage canin illustrent parfaitement comment une mesure apparemment contraignante peut en réalité bénéficier à toutes les parties impliquées : propriétaires, animaux et société.
Si vous envisagez d’adopter un chien, n’attendez pas qu’une réglementation vous y oblige : investir dans quelques séances de dressage pourrait vous épargner bien des difficultés et offrir à votre compagnon une vie plus épanouie.
Foire aux questions
Ces cours de dressage sont-ils réellement efficaces ?
Les études montrent qu’un dressage précoce et approprié réduit significativement les problèmes comportementaux chez les chiens. La formation permet également aux propriétaires de mieux comprendre les besoins de leur animal et d’établir une communication efficace, ce qui diminue considérablement les risques d’abandon.
Combien coûtent ces formations obligatoires ?
Si le prix peut varier selon l’éducateur canin choisi, comptez en moyenne entre 300 et 500 francs suisses (320-530 euros) pour les huit séances obligatoires. Un investissement à mettre en perspective avec le coût global d’un chien sur toute sa vie.
Existe-t-il des exemptions à cette obligation ?
Les propriétaires ayant déjà suivi une formation similaire ou possédant une certification d’éducateur canin peuvent demander une dispense. Toutefois, chaque cas est évalué individuellement par l’office vétérinaire cantonal.
Cette mesure a-t-elle déjà prouvé son efficacité ?
Bien que récemment réintroduite, cette mesure avait déjà montré des résultats prometteurs lors de sa première mise en œuvre entre 2008 et 2016, avec une diminution notable des incidents impliquant des chiens et une baisse du taux d’abandon.
