“Il est courageux, motivé” : Ce boulanger se bat pour que son apprenti, menacé d’expulsion, reste en Fance

Un Combat Exemplaire : Ce Boulanger Lutte Pour Garder Son Apprenti Menacé d’Expulsion

À Tours, une histoire touchante de solidarité professionnelle se déroule actuellement. Gérard Pineau, boulanger dévoué, se bat avec détermination pour empêcher l’expulsion de Diakité, son jeune apprenti ivoirien de 18 ans. Cette situation met en lumière les défis auxquels font face les jeunes immigrés en formation professionnelle et la mobilisation des artisans français pour défendre leurs apprentis.

Une Situation Injuste Qui Mobilise Tout un Secteur

L’histoire de Diakité est celle de nombreux jeunes étrangers venus en France pour apprendre un métier. Originaire de Côte d’Ivoire, il s’est engagé dans un apprentissage en boulangerie avec passion et détermination. Malheureusement, n’ayant pas réussi son CAP boulangerie du premier coup, il a reçu une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), plongeant son avenir professionnel dans l’incertitude.

“Il ne cherche qu’à travailler. Il est motivé, il est courageux, il écoute ce qu’on lui dit,” témoigne avec émotion Gérard Pineau sur les ondes de RMC. Le boulanger ne cache pas son incompréhension face à cette situation qu’il qualifie de “gabegie complète” et “complètement dingue”. Pour lui, faire venir des jeunes pour leur enseigner un métier pour ensuite les renvoyer à leurs 18 ans est non seulement injuste mais représente également un gaspillage de ressources et de potentiel.

Un Jeune Homme Déterminé Malgré l’Adversité

Les conséquences de cette décision administrative sont dévastatrices pour Diakité. Privé de son droit de travailler, le jeune homme se retrouve aujourd’hui à la rue, dormant sous une tente. Malgré ces conditions extrêmement difficiles, sa motivation reste intacte : “J’ai envie de me donner à fond pour avoir mon CAP, j’ai envie de réussir en France. Aidez-moi !” a-t-il déclaré avec espoir.

Cette détermination face à l’adversité rend son cas d’autant plus poignant et renforce la conviction de son patron de se battre pour lui offrir une seconde chance.

Une Mobilisation Professionnelle Élargie

Le combat de Gérard Pineau ne reste pas isolé. La branche locale de l’Union des métiers de l’industrie et de l’hôtellerie a apporté son soutien, soulignant que Diakité aurait dû bénéficier d’un aménagement lui permettant de passer son CAP en trois ans au lieu de deux, compte tenu de ses difficultés linguistiques en français.

La Chambre des métiers et de l’artisanat d’Indre-et-Loire s’est également positionnée en faveur du jeune apprenti. Son président, Gérard Bobier, met en avant les difficultés de recrutement que connaît le secteur : “Nous avons du mal à recruter du personnel dans nos entreprises. Dès l’instant où un jeune veut apprendre un métier et donne satisfaction, je pense qu’il faudrait être un petit peu plus vigilant et regarder plus précisément la réglementation.”

Des Précédents Encourageants

Ce type de situation n’est malheureusement pas un cas isolé en France. En 2023, d’autres gérants de boulangerie s’étaient mobilisés pour défendre Souleymane, leur apprenti également menacé d’expulsion. Plus encourageant encore, en janvier 2021, l’apprenti boulanger Laye Fodé Traoré avait finalement été régularisé grâce à la mobilisation sans relâche de son patron.

Ces précédents donnent de l’espoir à Gérard Pineau qui s’en remet désormais au préfet, espérant que ce dernier reviendra sur la décision d’expulsion.

Un Enjeu Qui Dépasse le Cas Individuel

Cette affaire soulève des questions fondamentales sur la politique d’intégration des jeunes migrants et l’avenir des métiers de l’artisanat en France. Dans un secteur qui peine à attirer de nouvelles vocations, chaque jeune motivé représente une chance pour la transmission des savoir-faire traditionnels français.

Le cas de Diakité illustre parfaitement le paradoxe d’une administration qui, d’un côté, encourage la formation professionnelle des jeunes étrangers et, de l’autre, applique strictement des règles d’immigration qui peuvent briser des parcours d’intégration prometteurs.

Des Solutions Possibles Pour Diakité et les Autres

Pour des jeunes comme Diakité, plusieurs pistes pourraient être envisagées :

  • La prolongation exceptionnelle du titre de séjour pour permettre une seconde tentative au CAP
  • L’aménagement des parcours de formation pour tenir compte des difficultés linguistiques
  • La création d’un statut spécifique pour les apprentis étrangers en formation

Ces aménagements administratifs permettraient de concilier les exigences de la politique migratoire avec les besoins réels des entreprises artisanales françaises.

Une Leçon de Solidarité et d’Humanité

Au-delà des aspects juridiques et économiques, le combat de Gérard Pineau pour son apprenti nous rappelle l’importance des valeurs d’entraide et de transmission dans l’artisanat français. Ce boulanger incarne cette tradition séculaire où le maître ne se contente pas d’enseigner un métier, mais prend également sous son aile ses apprentis dans toutes les dimensions de leur vie.

Pour l’heure, tous les espoirs reposent sur l’intervention du préfet et la mobilisation de la profession. Le sort de Diakité reste en suspens, mais la détermination de son patron à le soutenir représente déjà une victoire de l’humanité sur la froide application des règlements.

Questions Fréquentes

Pourquoi Diakité ne peut-il pas simplement repasser son CAP ?
Sans titre de séjour valide, il n’a plus le droit de suivre sa formation ni de travailler légalement en France. C’est précisément ce cercle vicieux que dénonce son patron.

Les apprentis étrangers sont-ils nombreux dans l’artisanat français ?
Oui, de nombreux secteurs de l’artisanat, notamment la boulangerie, comptent sur ces jeunes motivés pour pallier les difficultés de recrutement. Ces métiers, souvent exigeants en termes d’horaires, peinent à attirer suffisamment de candidats français.

Existe-t-il des recours légaux contre une OQTF ?
Oui, il est possible de contester une OQTF devant le tribunal administratif dans un délai très court. Parallèlement, une demande de régularisation exceptionnelle peut être adressée au préfet, comme le fait Gérard Pineau pour son apprenti.

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